L’histoire a plutôt mal commencé je dois l’avouer : 1h avant d’arriver chez ses gardiens, j’ai commencé à avoir mal au ventre…comme un début de gastro. Quelques jours après effectivement les crises digestives étaient bien installées et mon état de santé vraiment pas top. Ce que j’ai cru être une gastro a finalement duré un bon mois et s’est avéré être un intestin en mauvais état (syndrome de l’intestin irritable d’après un spécialiste). Je ne pouvais plus rien avaler sans être malade. J’ai perdu beaucoup de poids et j’étais très fatiguée, sans énergie, car je ne mangeais quasiment rien. Je vous épargne les détails mais deux mois plus tard et après plusieurs consultations avec des professionnels de santé (dont aucun n’a vraiment trouvé de solution adaptée) j’ai réussi à manger de nouveau des portions normales en changeant mon régime alimentaire et en réapprenant à me nourrir. Ma solution a été de tester chaque aliment et voir comment mon corps y réagissait. Je sais maintenant ce qui me fait du bien ou pas.
Aparté faite, je ne suis pas ici pour vous parler de ma vie digestive mais plutôt pour vous dépeindre le tableau dans lequel Stessy est arrivée : une humaine mal-en-point, très fatiguée, malade et donc facilement irritable/impatiente qui doit gérer seule un chiot de trois mois bourré d’énergie…un contexte loin d’être idéal.
Malheureusement, je n’ai pas vraiment profité de sa période chiot : tout d’abord car je n’étais pas en état et aussi parce qu’elle mangeait tous les excréments de chiens (les siens et ceux des autres). Et oui, la pauvre avait elle aussi des problèmes digestifs : un terrain sensible de base + la gardiose (comme beaucoup de chiot). Une fois la gardiose guérie, son ventre n’était tout de même pas en super forme. Il m’a fallu des mois de recherche sur les différents régimes alimentaires et plusieurs tests pour trouver une nourriture que son système digestif tolère – au revoir les cacas mous – et qui me convienne également niveau contraintes (temps de préparation/stockage/etc). Le combo gagnant pour nous s’est avéré être mi-croquettes/mi-BARF en deux repas séparés.
Ainsi, Stessy a passé sa jeunesse avec de gros problèmes digestifs, ça ne vous rappelle pas quelqu’un ? le fameux adage „tel maître tel chien“ se confirme dans bien des cas !
Pour revenir sur la deuxième raison qui fait que je n’ai pas profité autant que j’aurais voulu de sa période chiot c’est évidemment sa coprophagie (manger des excréments)… Je peux vous assurer que quand votre chiot a la plupart du temps une haleine de „caca de chien bien dégueu“… vous n’avez pas envie de lui faire des bisous ni qu’il vous en fasses . Les caresses, qui lui donnaient souvent envie de me lécher, c’était niet. Le contact a été quelque peu réduit, pas de gros câlinoux à son chiot tout mignon. ça n’a pas dû vraiment lui manquer mais moi, en tant qu’humain et donc espèce tactile, ça m’a bien manqué et ça n’a pas participé à nous rapprocher.
Et oui car on parle souvent (et moi la première) de renforcer la relation mais j’ai pris conscience que la relation doit être renforcée dans les deux sens ! Ce n’est pas toujours gagné d’avance que l’humain aime son chien d’un amour sans faille et inconditionnel. Parfois la relation a du mal à prendre et c’est ce qu’il s’est passé entre elle et moi.
Donc les débuts n’ont pas été faciles ni pour Stessy ni pour moi et nous avons essayé tant bien que mal de trouver un terrain d’entente toutes les deux.
Oui car Stessy est un sacré morceaux
Quand nous avons commencé à faire des balades en ville à partir de ses quatre mois (avant c’était du semi-urbain), elle a commencé à s’affirmer et au lieu de chercher à fuir comme c’était le cas auparavant, elle a commencé à repousser ce qui lui faisait peur.
Sauf que rappelez-vous il y a aussi mon Loup qui vit à mes côtés depuis 9 ans. Je me retrouvais donc avec un chiot difficilement gérable en promenade + un autre chien : le tout en appartement. Hors, gérer et éduquer un chien en baladant deux chiens en même temps est très difficile voire impossible selon les cas (bien manier la longe quand on en a deux relève de l’exploit).
Donc, je me suis vue dans l’obligation de les balader le plus souvent possible séparément. Pendant plusieurs mois, le temps que Stessy acquiert la propreté, j’en étais rendu à huit sorties (hygiéniques + balades) par jour
Ceci afin de la familiariser avec les différents stimuli et pouvoir la guider au mieux vers les comportements à adopter.
Rassurez-vous, aujourd’hui nous sommes revenus à un rythme de balade normal mais je pense avoir frôlé le burn-out parental version chiot
L’angoisse des balades en forêts
J’ai vraiment eu peur de ne jamais pouvoir la promener en liberté, je désespérais de la voir charger les promeneurs en claquant des dents proche des mollets (sans vraiment les toucher mais l’intention était là). N’ayant que quatre mois je savais que cela allait s’empirer si je ne faisais rien).
Stessy m’a énormément remise en question par rapport à ce que je mettais en place.
Lorsqu’on croisait quelqu’un, je m’éloignais dans les sous-bois pour lui montrer par ma gestuelle qu’elle pouvait laisser passer sans aller voir. Elle me suivait, oh ça oui elle me suivait, elle est très sensible à ma gestuelle. Sauf qu’elle ne me suivait que quelques mètres puis faisait demi-tour pour courir droit vers la personne. J’étais dans l’incompréhension car ma communication non verbale était cohérente. Peu après j’ai réalisé qu’elle adorait courir et prenait également plaisir à charger ce qui lui faisait peur. Evidemment, ca lui provoquait un shoot d’adrénaline dont elle raffole
J’ai compris avec elle que je devais faire différemment. La gestuelle seule ne suffirait pas pour lui apprendre à laisser passer et je l’ai donc rattachée à chaque croisement. C’est là que les progrès on commencé à apparaître.
Avec ma petite chipie c’est énormément ça : j’applique ce qu’il convient mais sur beaucoup de choses elle me montre que je dois faire autrement, m’ajuster, m’adapter à ses réactions et non appliquer bêtement ce que je connais.
Malgré beaucoup de doutes, de la patience et de la persévérance je peux dire que nous avons fait un sacré chemin sur ce point-là : aujourd’hui je peux la laisser en liberté ! Quand on croise quelqu’un j’ai seulement à lui demander de laisser passer et simplement en me tournant dans le bon sens, elle ne va pas voir et observe à mes côtés tranquillement. Les sous-bois sont de l’histoire ancienne pour moi et je n’en suis pas mécontente !
Il faut prendre en compte également que j’ai eu la chance dans ses deux premières années d’habiter proche d’endroits pas mal fréquentés et cela l’a habituée à croiser des promeneurs/vélos/etc. J’ai donc eu l’opportunité de me rendre facilement dans les lieux opportuns pour travailler ces point-là.
Évidemment ceci est valable seulement si l’on souhaite travailler son chien sur sa réactivité et encore faut-il savoir comment le faire. Je vous conseille d’être accompagné par un professionnel pour entamer ce travail.
Ses comportements en intérieur
Je n’ai pas eu à me plaindre, elle a vite été géniale mais j’ai dû passer par quelques mois de „tu le laisses ou tu vas derrière la barrière“ afin qu’elle arrête d’envahir et harceler mon Loup. Et même si physiquement il ne fait pas le poids, Kinaï m’a tout de même bien aidé car en intérieur il ne s’excite jamais donc il a toujours été clair à ce propos. Il ne lui a jamais laissé espérer qu’il pourrait répondre à son excitation. Elle s’est donc vite calmée en intérieur et aujourd’hui il n’y a rien à dire elle est carrément chouette !
Avec les autres chiens…
Alala c’est toute une histoire. Je ne vais pas me plaindre, elle n’est pas agressive et j’ai de la chance pour ça. Par contre, moi qui suis tombée dans le piège classique de l’éducateur canin qui prend un chien aussi (on ne va pas se mentir) pour avoir une aide canine en séance/balade/cours collectif, j’ai vite déchanté…
Pour vous peindre le tableau : en collectif c’est elle qui „mettait le bordel“ tellement elle est fofolle. C’est seulement quand je la rattachais que la balade/le cours était plus calme. Donc, j’ai arrêté de la prendre dans certaines circonstances pour éviter de me rajouter une charge de travail et passer un moment compliqué.
Et oui, madame est très émotive et voir des chiens la mettait dans tous ses états. Cela peut se traduire par de l’excitation, des courses, etc.
En résumé, je me suis retrouvée avec un chiot : réactif sur voitures/vélos/passants, qui me prend énormément de temps et d’énergie pour la guider au mieux (#8balades/jours), qui mange du caca constamment donc adieu les câlins et en plus qui ne m’aide pas en éducation. C’était le pompon ! Je suis passée par une grosse période de désespoir, colère, tristesse.
Et aujourd’hui où en est on?
Finalement, elle m’a énormément appris notamment comment guider et m’adapter aux différents chiens, aux différentes situations, toujours m’ajuster, continuer d’y croire, persévérer.
Elle m’a énormément fait travailler sur ma gestion émotionnelle et m’a permis de rencontrer des parts de moi que je ne soupçonnais pas et que j’ai la capacité d’accueillir avec bienveillance aujourd’hui (les chiens peuvent devenir nos guides spirituels si on leur en donne l’occasion),
En balade en nature : plus de problème sur les croisements par contre beaucoup d’excitation aux odeurs de gibiers et aux oiseaux donc je passe actuellement par une longue phase de „balade en longe“ pour lui apprendre à se poser ou au moins se maîtriser un peu mieux face à toutes ces tentations. Dans certains endroits choisis (parcs urbains avec pleins d’odeurs de chiens c’est l’idéal) je peux la lâcher sans problème. Elle n’ira pas voir les gens, elle ne pose pas de problème et cela vaut de l’or quand je me remémore d’où nous sommes parties.
Les balades en ville : plus aucun souci, on peut croiser des voitures, camions, trottinettes, elle a compris que ça ne viendrait pas vers elle, elle s’en désintéresse totalement.
Elle est un peu trop pareil que moi : sensible, explosive et qui court partout… Madame me copie même au niveau santé (quand j’ai eu mon entorse, elle s’est fait mal à la patte – je préférerais un peu moins de solidarité quand même
Avec les chiens : elle me montre de plus en plus de très belles choses, je suis fière d’elle ! Et quand est-ce que cela a commencé ? Quand je me suis faite à l’idée qu’elle ne m’aiderait pas en éducation et que mes exigences malsaines je pouvais les mettre à la poubelle. La vie est toujours là quand on a besoin d’apprendre une bonne leçon !!!
Finalement, étant toujours très demandeuse de contact canin, elle m’accompagne sur certaines séances avec un ou deux chiens maximum. Dans ces circonstances elle peut être super et on profite tous d’un bon moment ensemble au lieu de vouloir lui en demander trop dans des situations qui ne lui conviennent pas.
Note à moi-même : Non ce n’est pas à elle de répondre à mes exigences d’éducatrice et d’en faire un outils….c’est à moi de m’adapter et, si elle souhaite et est en capacité de m’aider sur certaines séances alors là elle peut m’accompagner.
Bien sûr tout n’est pas parfait, je dirais qu’elle est parfaitement imparfaite
Elle n’a pas encore trois ans et je sais qu’elle et moi allons encore nous améliorer, nous ajuster et essayer de faire au mieux l’une pour l’autre. Je suis à présent capable de voir combien ma petite Stessy était tout simplement un cadeau mal emballé : derrière tous ces mois de galères il y a un véritable trésor !
Je sais que je ne suis pas la seule à avoir accueilli un petit être dans sa vie et que ça ne se passe pas du tout comme vous l’espériez. Le bonheur attendu peut devenir un tsunami qui chamboule tout. Si c’est votre cas, je vous souhaite beaucoup de courage et je tiens à vous dire qu’il y a toujours un cadeau caché derrière. Et surtout rien est figé, faites confiance en la vie et faites-vous accompagner si nécessaire.
Pour finir, petit conseil pratico-pratique : établissez une liste des difficultés que vous rencontrez avec votre chiot pour pouvoir les rayer au fur et à mesure des améliorations. Nous focalisons souvent sur les problèmes et nous oublions vite d’où nous sommes partis. Grâce à cette liste vous pourrez prendre conscience des progrès qui ont été réalisés depuis le départ au lieu de vous focaliser seulement sur les „problèmes qui sont toujours présents“.
Célébrez chaque petit progrès et n’oubliez pas les merveilleuses qualités de votre compagnon